Photographie : L3tty – Fujisan, Octobre 2018

Cette année, je me suis découverte une nouvelle passion pour l’ascension de volcans, avec l’Acatenango au Guatemala et le Tongariro en Nouvelle-Zélande. Mais le premier volcan de mon cœur, celui dont je veux faire l’ascension depuis mon premier voyage au Japon en 2010, c’est le Fuji san.

Seulement voilà, si tu veux faire l’ascension du Fuji san, il faut bien choisir ta période, car elle n’est possible que de fin juin à début septembre.
C’est pourquoi cette année je suis revenue au Japon exprès pour l’été.

J’ai dû attendre patiemment que la météo se montre clémente pour pouvoir faire l’ascension de nuit, et profiter du lever du soleil au petit matin. Il faut savoir que le soleil se lève à 4h42 au mois de juillet (du moins, cette année), qu’il fait assez froid là haut, et que l’ascension par le Yoshida trail prend environ 7h à cause des embouteillages au sommet (oui oui, tu vas voir, je vais te raconter ça), donc il faut bien gérer son timing en fonction de sa condition physique et de sa fatigue.

Le grand départ

Je me suis rendue à la 5th station en fin de soirée, en bus (je te donnerai tous les tips dans un autre post si ça t’intéresse) et j’ai commencé mon ascension à 21h, à la frontale, après avoir payé les 1000 yens (non obligatoires) pour contribuer à la préservation du Fuji-san. Ils te donnent un joli petit badge en bois avec la date inscrite dessus. Ça fait un chouette souvenir.

7h, à grimper seule, et de nuit, je me doutais que ça allait être pénible. Mais je pensais davantage souffrir de l’effort en solitaire.

Hahaha ! La bonne blague !

Je n’ai pas trouvé l’ascension difficile, parce que j’étais bien entrainée. Je te rappelle que j’ai fait l’Acatemango à 4000 mètres un mois avant, et que je n’ai cessé de randonner depuis, pour maintenir ma condition, dans le but de faire l’ascension du Fujisan.
Toutefois, même si c’était facile pour moi, je pense qu’il ne faut pas prendre le mont Fuji à la légère. La pente est raide, surtout à la fin, (c’est carrément de l’escalade de rochers) et j’ai vu des gens mal équipés galérer et d’autres être malades, parce que c’était trop éprouvant pour eux.
Si tu le fais un jour, ne va pas t’imaginer que c’est un parcours de santé que tu peux faire avec des enfants en bas âge et mamie avec sa canne, pour une promenade de santé le dimanche.

Il faut donc partir équipé, avec au moins 2 litres d’eau, des bonnes chaussures de rando ou de trail, des vêtements chauds – parce que là-haut, la nuit, ça caille – de quoi manger et reprendre des forces tout au long du chemin. Si tu pars la nuit, comme moi, la lampe frontale est indispensable (500 yens au Donkihote).

Sur la première partie du trajet, la pente est assez douce. J’ai eu la chance de pouvoir admirer quelques feus d’artifice avant de finir dans le noir complet, jusqu’à la première station. C’était plutôt calme et agréable d’ailleurs.

J’ai vite déchanté par la suite. Le Yoshida trail, c’est une succession de stations (comprendre par là, petits baraquements, avec toilettes (payantes), endroits où dormir (payants), petites échoppes pour acheter de la nourriture et des boissons super chères) tous les 500 mètres environs. J’exagère peut-être un peu, mais il y en a beaucoup, beaucoup, beaucoup. Si bien qu’on perd l’intérêt de la randonnée en pleine montagne. C’est ce qui m’a le plus déçue.
Et qui dit gîtes nombreux pour dormir, malgré leur prix exorbitants, dit beaucoup de monde : dont des groupes de 40 personnes environ avec des guides.

Le challenge était pour moi, de dépasser ces groupes, pour ne pas être ralentie dans mon ascension. Car, passé minuit, il est assez difficile de maintenir l’effort quand ton corps demande à dormir. L’immobilité est assommante et c’est ce qui fut le plus difficile pour moi. Car plus je me rapprochais du sommet, plus il y avait de monde, moins j’avançais, plus j’avais sommeil.
Les gens venus passer la nuit dans les stations pour se lever juste avant le lever de soleil provoquaient un engorgement terrible du sommet à partir de 2h du matin : un vrai embouteillage ! Si si, je te jure !

Tu vois tous ces points lumineux ? Ce sont les frontales de tous les gens qui font l’ascension derrière moi. Il y en a quasiment autant, si ce n’est plus, au dessus de moi.

J’étais obligée de m’arrêter et d’attendre, comme lorsque je fais la queue à la poste ou à la caisse du supermarché. Une horreur !

Lever de soleil inoubliable au sommet du Fuji-san

Les dernières heures de montée ont été parmi les plus longues de l’ascension. Mais une fois au sommet, lorsque les premières lueurs de l’aube apparaissent à l’horizon, j’ai oublié tous ces désagréments, j’ai inspiré un bon coup et j’ai souri bêtement. Parce que ce spectacle là, c’était la première fois de ma vie que je le voyais.

Photographie : L3tty – Aube au Fujisan

Je me suis assise par terre, oubliant le froid mordant, et j’ai attendu patiemment de voir le soleil se lever.

Photographie : L3tty – Sunrise at Fujisan
Photographie : L3tty – Sunrise at Fujisan

Je n’avais jamais vu un tel spectacle de ma vie et aujourd’hui, la notion de Pays du soleil levant a pris tout son sens pour moi. Ce disque rouge, apparaissant sous la ligne d’horizon donnait une dimension surréaliste au paysage. C’est le lever de soleil le plus émouvant que j’ai vu de tout mon voyage. J’en ai eu les larmes aux yeux, tu penses bien !

Photographie : L3tty – Sunrise at Fujisan
Photographie : L3tty – Sunrise at Fujisan

Je suis restée un moment à observer le soleil se lever. Après ce spectacle, je me suis un peu attardée pour aller voir le cratère. Je n’ai pas eu le courage d’en faire le tour et de rajouter 1h de plus à mon périple, sachant qu’il me fallait bien 3 ou 4h pour redescendre jusqu’à la 5th station. J’étais déjà épuisée.

Photographie : L3tty – Cratère du Fujisan

La descente, plus facile que la montée, était quand même bien pentue. Les nuages se sont levés rapidement et m’ont par moment entourée de brume redonnant au paysage un peu de magie gâchée par la circulation des tracteurs venant ravitailler les gîtes : deuxième effet kisskool d’un endroit ultra touristique comme celui-ci, et c’est un réel problème ici, au Mont Fuji. (je t’en dirais plus dans un prochain post consacré au sujet, si ça t’intéresse)

Au final, je suis tout de même contente d’avoir fait l’ascension. Cela m’a permis de réaliser un rêve, mais aussi de prendre conscience de l’impact que ce genre de trail a sur ce fragile écosystème. Si je devais le refaire un jour, je le ferais différemment et j’emprunterai le Gotemba trail, bien moins fréquenté que le Yoshida trail.